Les textiles made in Africa peu ou mal connus

L’Afrique regorge de tissus aux tissages complexes. En coton, pur ou mélangé, avec teintes bigarrées ou uniques, il y a variété : le Kente, le Ndop, le Faso Dan Fani, le Bogolan etc. Ils sont parfois mal connus ou peu connus, toujours est-il que les créateurs stylistes d’Afrique les valorisent de plus en plus face au redoutable « intrus », qui règne en maître sur le marché de la mode africaine : Le wax hollandais.

Le Wax Hollandais

Il est arrivé en Afrique grâce aux Néerlandais (Pays Bas) en 1800 qui le commercialisent au départ en Afrique de l’Ouest, puis l’imposent un peu comme une création d’origine africaine. Mais non ! Wax, tissu de VLISCO, de création néerlandaise, tire ses réelles origines du batik javanais même s’il est mondialement connu à tord comme « tissu africain ».

Le Wax est une bande imprimée à la cire, parfois bigarrée, avec de nombreuses variétés. Fabriqué à base du coton, il reçoit sur chacune des faces un bon cirage qui lui donne des propriétés hydrophobes. Sa technique d’impression est parfaite avec des variétés comme le wax fancy, le super wax et le wax Java. Et le tissu sert pour aussi bien pour les vêtements que la décoration intérieure comme extérieure…

Bien que Vlisco produise majoritairement ses tissus au Pays-Bas, il vend ses tissus à 90% sur le sol africain. Uniwax de la côte d’Ivoire et GTP du Ghana en sont des extensions.  Vous en trouverez dans tous les marchés des grandes capitales d’Afrique de Dakar à Kampala en passant par Cotonou.

Ghana : le Kente

C’est une étoffe fabriquée au départ pour le roi Ashanti du Ghana et sa famille. Le kente du Ghana est un tissage qui à l’origine ne sortait qu’en noir et blanc. Certaines sources soutiennent qu’il proviendrait plutôt des Ewé, une ethnie togolaise. De même, ce tissu africain est semblable au Kita Akan de la Côte d’Ivoire et est empreint de plusieurs significations traditionnelles.

On le distingue davantage par des motifs : triangles, losanges, carrés qui cachent en principe une sagesse africaine. Au moment de ses premières créations, chaque tissu Kente portait un nom de plante, arbre, objet ou d’un souverain. En ces temps contemporains, il a évolué, gardant une forme de damier et existant en plusieurs couleurs aux significations multiples. Par exemple: le bleu (paix), le vert(croissance, récolte), le jaune (fertilité) ou le rouge, blanc(pureté) et a une forme de damier.

Le Kente est utilisé lors des cérémonies d’envergure dans les sociétés ghanéenne, togolaise ou ivoirienne mais au-delà des frontières, seuls les amateurs et avisés choisissent le type tissage Kente ayant conscience de la symbolique qui l’accompagne. Les autres clients optent pour un Kente soit pour la beauté des motifs soit pour la préférence de la couleur. Il est très exploité par les créateurs de mode africaine.

Mali : le Bogolan

Son nom se traduit littéralement par « fait avec de la boue ». Boue qui lui donne une connotation sacrée. L’origine du bogolan vient des Bambara du Mali avec 4 principales teintes : marron, noir, beige et jaune clair. A l’époque de sa création, seuls les sommités comme le roi et sa famille étaient dignes d’en porter. Grâce à son intégration dans la modernité, tout le monde peut s’habiller avec. Tissu symbolique, on raconte que le roi en portait 7 de couleurs différentes qui déterminaient les jours de la semaine.

Lors de sa fabrication, les hommes assurent le tissage des petites bandes qu’ils rassemblent et les femmes se chargent de la teinture. D’autres artisans y ajoutent des motifs aux grés de ceux qui commandent des costumes : de la boue, des décoctions des feuilles des bouleaux ou des motifs à base d’écorces.

 On peut en trouver facilement dans la plupart des marchés de l’Afrique de l’Ouest mais aussi dans le monde entier. Le Bogolan habille tous les sexes, mais plus les hommes, et est aussi utilisé pour faire des sacs et des parures ou chaussures. Certains s’en servent pour leur décoration d’intérieur notamment sur les meubles ( coussins, commodes, tabourets) et comme rideaux.

Sénégal : le Rabal-Mandjack

Ce tissu traditionnel africain est originaire de la Guinée Bissau et surtout du Sénégal chez les Manjacks qui se lèguent sa création de pères en fils. L’étoffe, bien que singulière, s’apparente parfois au tissu burkinabè « Faso Dan Fani » avec ses couleurs vives.

Le Rabal est aussi en coton comme la plupart des tissus africains et se tisse à la main.  Selon les besoins d’esthétisme ou de qualité, on lui adjoint souvent la soie ou le raphia de viscose ou le raphia naturel. Tissu chatoyant et multicolore, il porte des motifs de fertilité comme les jumeaux, les poupées de fécondité ou les arbres de fécondité comme le baobab.

On l’utilise comme cadeau aux nouveaux mariés et aux nouveaux parents. Il est solide, teinté de noblesse et d’une qualité remarquable qui fait de lui une étoffe prisée de plusieurs créateurs de mode en Afrique et au-delà. Les plus modernes des couturiers le mixent savamment par endroit sur un vêtement d’un autre tissu, les plus traditionnels font des vêtements avec, sans mélange aucun. Il devient très prisé dans la mode africaine.

Cameroun : le Ndop

Les origines du tissu Ndop, à la fabrication plûtot complexe, remontent au 18è siècle dans la région de l’Ouest Cameroun. On reconnait cette étoffe en coton grâce à ses écrits mystiques en blanc, pleins de symbolisme, reposant sur une trame bleue. Les différents dessins regorgent de messages codés et représentent des thèmes et sujets importants de la société de l’Ouest.

Pour qu’il soit fabriqué, on fait sortir le coton brut des champs ou des usines au Nord du pays. Les ressortissants Nordistes s’occupent de le filer et l’acheminent à l’Ouest. Ensuite, les natifs se chargent du tissage des fils produisant ainsi des bandes de 5 cm. Pour avoir des tissus de 2m de long, on assemble par la couture ces bandes de bout en bout. Ensuite, les femmes Bamilékés teignent les bandes en bleu indigo, puis font coudre une réserve à l’aide des fils de raphia posée sur de la cendre. Enfin, pour donner une teinture bleue, elles font sécher le coton au soleil.

Vu même son procédé de fabrication très compliqué, seuls les initiés de l’Ouest, chefs traditionnels et notables portent le Ndop dans les occasions culturelles ou lors des cérémonies d’enterrement ou de funérailles et non comme simple mode africaine.

Côte d’Ivoire : le Korhogo

C’est un tissu purement africain très peu utilisé dans la mode africaine. Provenant du Nord de la Côte d’Ivoire, dans la ville de Korhogo dans la tribu des Sénoufos. C’est une sorte de toile murale (filafani) à base de coton pur et de couleur noire. La toile de Korhogo peut avoir comme motifs : un chasseur, le soleil, un animal ou tout être humain. Motifs qui sont faits sur les toiles grâce aux pigments naturels qu’on fixe en se servant des petits bois. Il est souvent utilisé pour décorer l’intérieur mais rarement pour les vêtements sauf pour des cérémonies traditionnelles.

Le wax est-il un tissu africain ?

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